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French to English: Escorte de Mélodie Nelson General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French À fixer trois écrans d’ordinateur, pendant six heures d’affilée, trois soirs par semaine, j’en arrive à avoir sans cesse des conjonctivites, et ça m’oblige à porter des lunettes que je ne trouve pas du tout excitantes. Je me lasse rapidement de me trémousser devant des voyeurs inconnus et j’abandonne la webcam. Je pose pour le magazine pour adultes Hustler, dans mon demi-sous-sol, ça me rend super heureuse, et je reçois un chèque de cinq cents dollars US, signé par Larry Flynt. Je photocopie le chèque pour le garder précieusement en souvenir, je vais l’encaisser, en petite jupe de collégienne, et je me permets de ne pas me trouver un autre emploi sérieux pendant un mois. Je joue ensuite à la téléphoniste érotique à l’accent frenchy, pour un salaire ridicule de vingt-cinq sous par minute de conversation. Puis, je me trouve un emploi de libraire au Archambault, où je feuillette des mangas japonais pleins de fillettes aux gros seins qui se font violer par le marchand de glace, et des livres sur les pervers qui bandent sur les femmes déguisées en insectes. Je dois travailler plus de trente heures par semaine, je n’y arrive pas, je ne m’achète plus que des blouses chez Old Navy et ça me déprime grave. Je suis épuisée d’avoir à placer en évidence le dernier Marc Levy dans la vitrine de la librairie, puis de me rendre à l’université pour discuter de la signification des arbres dans la littérature contemporaine québécoise. Je compte mes sous pour m’acheter des billets de métro, je songe à consulter un médecin pour une prescription de Xanax, et je bois trop de Red Bull Sugarfree.
Un jour, je lis un reportage dans le journal La Presse sur des escortes, elles affirment aimer leur travail et n’avoir jamais été menacées par un client, je les trouve glam, ces filles, et j’en ai envie, de ne plus baiser gratuitement, de ne plus me souvenir des mecs qui m’ont déjà rejetée, à l’école secondaire et au cégep, à quinze, seize et dix-sept ans, quand je portais déjà des bottes noires très hautes, que je marchais en riant trop fort, et que des passants dans la rue me demandaient si j’étais une professionnelle. Je n’étais pas heureuse, non, j’existais si on me désirait, et lorsqu’on me disait non, je ne valais plus rien. Tous mes amis m’avaient dit non au moins une fois, ils pensaient que je me faisais du mal à essayer de me trouver dans les autres, à montrer que je ne portais pas de petites culottes sous mes robes gothiques. Être escorte me permettrait de vivre de mon désir, et de ne plus jamais me sentir repoussée. Je pensais qu’être mariée à un mec gentil et amoureux me suffirait, mais cette vie m’ennuie, terriblement.
Je rencontre une escorte, la copine d’une cousine, et elle me convainc de travailler pour une agence. Je deviens escorte, juste comme ça, pour savoir comment sont les chambres des hôtels les plus luxueux de Montréal, pour être indépendante et ne rien devoir ni à mes parents, ni à mon mari, pour avoir au moins cent paires de souliers dans ma garde-robe, et pour avoir des journées libres, sans cours à l’université. Des journées passées à appliquer sur mes ongles du vernis Chanel et à lire des magazines à potins, pour avoir un quotidien plus intéressant que celui des autres étudiants en littérature, qui fument des joints, parlent de souveraineté et se rasent seulement une fois par mois. Je deviens escorte tout simplement parce que j’adore baiser, mais aussi pour ne plus avoir de patron qui me critique quand je prends une pause de seize minutes au lieu de quinze.
Je deviens escorte pour avoir une sacoche Louis Vuitton blanche avec des cerises dessus, comme l’actrice et modèle Playboy Carmen Electra, dans les pages du dernier US Weekly, et parce que j’ai toujours eu l’impression que les putes en savent tellement plus que les autres filles sur les mecs, et sur la vie, parce que je veux me sentir belle, et que je trouve plus cool de travailler en talons hauts qu’en ballerines.
Quatre années ont passé depuis que je ne suis plus une escorte, mais j’ai adoré cette expérience qui est bien moins dangereuse que de donner son numéro de téléphone à des inconnus rencontrés dans un bar ou à un arrêt d’autobus. J’ai travaillé en tant que professionnelle qui se déplace de maisons en hôtels, avec un chauffeur, et comme escorte incall, dans un appartement au centre-ville de Montréal, loué par la femme qui dirigeait l’agence d’escortes. Elle payait un montant en extra au propriétaire de l’immeuble, afin de ne pas avoir de problèmes avec des policiers, car si la prostitution est tolérée au Québec, hypocritement l’acte de gagner de l’argent afin de satisfaire les besoins sexuels des clients ne l’est pas. Être escorte m’a permis de devenir quelqu’un de plus calme, de plus ouvert, de plus à l’aise avec ma féminité et mes désirs, et de rencontrer des hommes très intéressants, que je réussissais à rendre heureux, pendant trente ou soixante minutes. J’ai connu tout un tas de filles fières, qui ne pleurent pas entre chaque client, des filles divertissantes, cultivées, qui portent des lunettes griffées, prennent des cours de coiffure et partagent des pointes de pizza toute garnie avec leurs copines. Des filles qui, comme moi, n’ont pas été violées par leur grand-papa la veille de Noël sous une tête d’orignal empaillé, pas plus que, comme le voudraient les mauvaises langues, elles n’étaient obligées de goûter la bite de papa après sa baise avec la baby-sitter.
Pendant un an et demi, je ne pouvais pas m’imaginer me lever un vendredi matin et passer ma journée ailleurs que dans un lit, à être un fantasme, une thérapeute ou une fausse petite amie pour des clients super charmants. Tout me semblait si facile, alors, sauf quand mon corps ressentait la fatigue, ou la douleur d’être trop souvent pénétré, et que je me devais de mentir à mes copines, et à ma famille, et que je m’inventais un autre travail. D’une certaine façon, je me cachais.
Et c’est ce que j’ai trouvé le plus difficile, imaginer des mensonges pour satisfaire les autres. Maintenant, je n’ai pas envie d’être discrète, je veux m’assumer, et ne pas me sentir insultée en entendant le mot pute. Je veux montrer qu’être escorte, c’est profiter de son plaisir, et de son corps, pour l’offrir aux autres, d’une manière beaucoup plus agréable et facile qu’en plaçant des livres dans une vitrine de librairie, ou qu’en servant des pichets de bière dans un bar, plusieurs soirs par semaine. Si Paris Hilton et Kim Kardashian font des films pornos et deviennent des vedettes mainstream, si des filles portent librement des t-shirts avec l’inscription Open 24h∕24 et se vantent de lécher leurs copines dans des taxis, si Cosmopolitan propose des articles comme « All new 50 sex tricks » ou « Sex he craves » ou « The easy way to boost your sex drive », si des mecs s’achètent des caisses de bière en espérant se faire photographier le visage entre les seins de filles déguisées en femmes de ménage au manoir Coors Light, est-il possible d’accepter que les prostituées aiment leur travail, et de cesser de les dénigrer et de les prendre pour des victimes ?
J’ai choisi d’être escorte. Et c’était la meilleure décision de ma vie.
Translation - English Staring at three computer screens for six consecutive hours three nights a week gives me repeated conjunctivitis, forcing me to wear unsexy glasses. Dancing in front of unknown peeping Toms soon bores me so I stop my webcam broadcasts. I pose for Hustler in my half basement apartment, which makes me ecstatic, and I get a check for $500 US signed by Larry Flynt. I photocopy the check as a keepsake, I cash it in wearing a schoolgirl uniform and I allow myself another month to procrastinate about finding a serious job. I then do sexy phone calls with a steamy French accent for the ridiculous rate of 25 cents per minute. Afterwards I become a bookseller for Archambault, where I gaze at Japanese mangas full of girls with big boobs getting raped by the ice cream man and books about perverts getting aroused by women dressed up as insects. I need to work more than 30 hours a week to get by, which I don't, instead I keep on buying Old Navy shirts and that really gets me down. Putting the latest Marc Levy book on display in the window of the bookstore and attending university classes where we discuss the meaning of trees in modern Quebec literature wear me out. I count every penny to be able to afford subway tickets, I think about seeing a doctor to get a Xanax prescription and I drink too many sugar-free Red Bulls.
One day, La Presse newspaper publishes a story about escorts who claim to like their job and had never been threatened by their clients, I find these girls glamorous and they make me want to stop fucking for free, and forget about all those guys who rejected me in high school and cegep when I was 15, 16, 17 with my black fuck-me boots while I walked and talked too loudly, and guys on the street asked me if I were a hooker. I wasn't happy, far from it, I only existed when I was desired and any rejection meant I was worthless. All my friends had said no to me at least once, they thought I was only hurting myself by trying to find myself in other people's arms and not wearing any underwear under my goth dresses. Being an escort would allow me to earn a living from this desire of mine and no one would ever reject me again. I thought being married to a nice and loving guy would be enough but I find that life to be an utter bore.
I meet an escort, a friend of a cousin of mine, and she persuades me to join an agency. I become an escort, just like that, because I want to see the most luxurious hotel rooms in Montreal, to be independent, so I don't owe my parents or my husband for those 700 pairs of shoes in my closet or for my leisure days, far from my university classes. My days spent applying Chanel nail polish while reading celebrity gossip are making my daily life much more interesting than all the other literature students' who smoke joints, talk about Quebec's independence and only shave once a month. I become an escort mainly because I love to fuck, but also to say goodbye to bosses criticizing me for taking 16-minute breaks instead of 15-minute ones.
I become an escort so I can have a white Louis Vuitton handbag with little cherries on it, like the one actress and Playboy model Carmen Electra has in the latest US Weekly magazine, because I've always had the impression whores know so much more than other girls about men and life in general, and because I want to feel pretty, and because I think working in high heels is much more fun than wearing flats.
Four years have passed and I am no longer an escort, but I loved the experience which is far less dangerous than giving your phone number to strangers you meet in bars or at the bus stop. I worked as a professional call-girl going from houses to hotel rooms, with a chauffeur as well as an in-call escort in a downtown Montreal apartment rented by the lady in charge of the escort agency. She gave a little extra to the building owner to make sure there wouldn't be any trouble with the police, because although prostitution is tolerated in Quebec, hypocritically the act of making money satisfying clients' needs isn't. Being an escort made me a calm and open-minded person, comfortable with my femininity and my desires, and allowed me to meet interesting men to whom I brought happiness for 30 or 60 minutes. I met a lot of proud girls, who never shed tears between clients, fun and cultured girls wearing designer shades, who took hairdressing classes and shared a slice of all-dressed pizza with their girlfriends. Girls like me, who didn't get raped by their grandfather on Christmas Eve under the watchful eye of a moose head adorning the wall, and who never had to, despite popular belief, suck dad's cock after he had fucked the baby-sitter.
After the first year and a half, I couldn't imagine getting up on a Friday morning and doing anything other than spending the day in bed, being someone's fantasy, therapist, or fake girlfriend for extremely charming clients. It all seemed so easy, except when my body tired or hurt from being penetrated so often and I had to lie to my girlfriends and my family by making up stories about an imaginary job. In a way, I was hiding.
What I found the hardest was to think of lies to tell others. But now I no longer want to be quiet, I want to take responsibility for my actions and not feel insulted by the word whore. I want to show that being an escort means taking advantage of my own pleasure and body, and offering it this way is nicer and easier than setting up books in a store display or serving pitchers of beer in a bar several nights a week. If Paris Hilton and Kim Kardashian can do porn films and become mainstream stars, if girls can wear T-shirts with "Open 24/7" on them and brag about frenching their girlfriends in cabs, if Cosmopolitan can run stories like “All New 50 Sex Tricks" or "Sex He Craves" or "The Easy Way to Boost Your Sex Drive", if men can buy packs of beer in the hope of getting their picture taken their face deep in the cleavage of some girl dressed up as a maid at the Coors Light Mansion, can we start accepting that prostitutes love their job and cease to denigrate them by viewing them as victims?
I chose to be an escort. And it was the best decision of my life.
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